Extraction et taille
Extraction
Jusqu’en 1896, l’Inde et plus particulièrement la région de Golkonda (Golconde) était la seule zone de production de diamants au monde. C’est en Inde qu’ont été extraits les plus célèbres diamants (voir la section Diamants célèbres).
Depuis cette date, la plupart des diamants viennent d’Afrique (62,1 % en 1999), mais de nouveau pays prennent également une place de plus en plus importante comme l'Australie, la Russie et depuis seulement quelques années le Canada.
Exploitation minière
Le processus d’extraction est très diversifié, puisqu’il dépend de la région dans laquelle le diamant est exploité. Mais, en général, les opérations se divisent en trois parties :
- l’élimination des éléments stériles (terre et pierre qui couvre le sable diamantifère) ;
- l’extraction ;
- le lavage.
Du fait du coût de l’exploitation des mines (dix tonnes de minerai permettent d’extraire seulement un carat de diamant), seules les entreprises investissent dans ces zones qui leur garantissent une production importante : généralement, des kilomètres carrés de terrain sont excavés pour obtenir une gemme de taille appréciable, d’où le coût des diamants.
Panorama minier mondial
(source J.M. Eberlé; BRGM/EI2D, Janvier 2003)
Rappel gîtologique et historique
Types de gisement
Le diamant est un minéral extrêmement dur (mais néanmoins fragile, en raison d'un clivage aisé), et relativement dense. Comme d'autres minéraux présentant ce genre de caractéristiques, il peut se trouver concentré dans un premier temps dans des gisements primaires mais aussi, ultérieurement, dans des gisements dits secondaires (ou placers) après avoir été, au cours des temps, libéré de sources primaires, puis transporté par un réseau hydrographique et finalement concentré dans des sites particuliers (pièges) au sein d’alluvions fluviatiles, fluvio-glaciaires et/ou marines.
Gisements primaires
Ce sont pour l'essentiel (des gisements économiques classiques) des cheminées volcaniques d'affinité ultrabasique et potassique qui, naissant à profondeur élevée (- 150 à - 400 km) intrudent et "poinçonnent" la croûte terrestre dans les domaines géodynamiques particuliers que sont les boucliers d'âge archéen et leurs plateformes attenantes (intrusion de kimberlites), ou leurs ceintures mobiles adjacentes (intrusions de lamproïtes). A l'échelle du globe, le point important est l'âge ancien de ces boucliers et le fait qu'il soient restés stables après leur cratonisation; l'âge des kimberlites ou des lamproïtes n'est par contre pas un facteur déterminant. Parce que le diamant n'est pas un composant normal des intrusions kimberlitiques ou lamproïtiques, mais est en fait un minéral seulement prélevé au passage dans une couche profonde péridotidique ou éclogitique, puis véhiculé par les intrusions, l'âge de ces dernières est plus récent que celui des diamants eux-mêmes. Kimberlites, pour l'essentiel, et lamproïtes, de manière plus subordonnée, fournissent la majeure partie des gisements économiques mondiaux. Si kimberlites et lamproïtes sont déjà des volcanites peu fréquentes (quelques milliers connues), les intrusions suffisamment minéralisées pour être exploitées économiquement aujourd’hui le sont encore bien plus (quelques dizaines).
D'autres roches peuvent aussi contenir du diamant, mais ne constituent pas des gisements économiques, au stade actuel des connaissances tout au moins. Par opposition aux gisements classiques on parle alors de gisements "atypiques", qui incluent principalement certains massifs de péridotites (Tibet), certaines intrusions de basaltes alcalins (Syrie), des volcaniclastites komatiitiques (Guyane française), ou encore des dykes ou sills de tuffisites ultrabasiques (Inde, Ghana, Cote d'Ivoire). Ces gisements atypiques peuvent néanmoins alimenter des alluvions diamantifères.
Gisements secondaires ou placers
Ils peuvent eux-mêmes être subdivisés en plusieurs catégories :
- Placers éluviaux et alluviaux proximaux, à graviers peu évolués et localisés sur et en aval immédiat des intrusions primaires (Congo-Kasaï);
- Placers alluviaux distaux, à graviers plus évolués à bien évolués (Angola, Brésil, Vénézuéla), localisés en aval d'intrusions;
- Placers fluvio-glaciaires, tillites et sédiments fluvio-glaciaires plus ou moins consolidés (Sibérie);
- Placers côtiers et marins, cordons littoraux et graviers marins de plateformes ou gradins côtiers (Namibie).
Suivant l'âge de ces placers et, corollairement, leur degré de consolidation, on peut opposer des paléo-placers connus jusqu'au Protérozoïque (Brésil/Diamantina, Ghana/Tarkwa) aux neo-placers d'age Néogène à actuel.
Les placers ne fournissent que rarement de grands gisements, mais leur importance économique est néanmoins significative car d'une part ils fournissent généralement des diamants de meilleure qualité et valeur (tri des pierres par le transport hydraulique), et d'autre part ils constituent la cible de choix des petits industriels et des artisans, comptant tout de même pour 23 % de la production mondiale.
Bref historique des productions
Le pôle de production des diamants s'est déplacé ou s'est dupliqué au cours des temps; suivant la succession suivante :
- L'Inde, le pionnier (- 2000 ans (?) au XVII siècle : c'est là que s'est organisée la première production "marchande", pour un débouché local , mais aussi vers la Perse et l'Europe d'une part, et vers la Chine d'autre part. Les exploitations, décrites par le voyageur français Bertrand Tavernier, portaient sur des paléo- et néo-placers, principalement dans le bassin de la rivière Krishna (sud-est de l'Inde).
- Le Brésil, ou la grandeur coloniale (XVII-XVIII-début XIX siècle) : C'est dans ce pays, et plus particulièrement dans le Minas Gerais que s'est développée une exploitation systématique du diamant (et de l'or) faisant la richesse de la couronne portugaise puis de la jeune nation brésilienne. L'exploitation portait encore sur des paléo- et néo-placers (région de Diamantina)
- L'Afrique du Sud, et la mise en route des premiers grands gisements primaires. Rapidement après la découverte des diamants (1869) est identifié un nouveau type de gisement : les cheminées ou pipes kimberlitiques. La mise en exploitation des premiers pipes coïncide avec l'émergence du groupe De Beers). A un rythme de croissance accéléré, l'Afrique du Sud devient le pays des diamants par excellence.
- Le Congo (ex Zaïre), un géant. Avec les gisements du Kasaï et la kimberlite de Bakwanga (une des plus grandes mondiales), les prospecteurs belges ont identifié un des grands producteurs. L'exploitation porte avant tout sur des placers éluvionnaires et alluvionnaires, mais les diamants sont de médiocre qualité.
- La Russie, ou la détermination et le courage récompensés. C'est à la fin du dernier conflit mondial que commence l'histoire du diamant russe. Soucieuse de ne plus dépendre de l'étranger pour les diamants industriels, l'Union Soviétique se lance dans un colossal effort d'exploration en Sibérie. Après des années sans résultats, le succès est au rendez-vous avec la découverte de kimberlites minéralisées (1955). La production monte alors en puissance dans les années 60-80 pour faire de l'Union, puis de la Russie, un des grands acteurs mondiaux
- Le Botswana, un grand succès de De Beers. La prospection des déserts par De Beers, initiée sur une hypothèse de travail uniquement géologique, mais avec une grande détermination et des techniques innovantes a débouché sur la découverte majeure du champ de kimberlites d'Orapa (1972).
- L'Australie, le choc d'un nouveau venu. Bien que l'ile-continent soit géologiquement favorable à la présence de gisements de diamant, De Beers cette fois n'y croyait pas. Pourtant, Ashton, un groupe minier dynamique et inventif, s'attelait à la tâche et mettait en évidence dans le nord ouest du pays un énorme (par sa richesse) gisement - Argyle – (1980) qui allait rapidement accaparer près de 40 % de la production mondiale (en carats), mais avec essentiellement des diamants industriels.
- Le Canada, un futur géant ? Là encore, bien que le contexte géologique ait été favorable, les découvertes et la production industrielle de diamant ne sont que très récentes (années 80-90 ; ouverture de la mine d’Ekati en 1998). Mais les succès (Ekati, Diavik etc..) d'une exploration extrêmement dynamique et opérant dans le cadre d'une terre géologique peut-être exceptionnellement prolifique pourrait annoncer l'émergence d'un nouvel acteur mondial majeur.
Production mondiale 2001 (d’après L. Rombouts, Mining Journal)
|
Pays |
Mines |
Tonnes |
Carats |
US$/ct |
Valeur |
Groupe minier |
|
Afrique |
Venetia |
4 602 |
4 977 |
85 |
423,05 |
De Beers |
|
Premier |
3 102 |
1 637 |
75 |
122,78 |
De Beers |
|
|
Koffiefontein |
2 299 |
145 |
225 |
32,63 |
De Beers |
|
|
Kimberley |
3 766 |
550 |
110 |
60,50 |
De Beers |
|
|
Namaqualand |
6 083 |
808 |
180 |
145,44 |
De Beers |
|
|
Finsh |
4 768 |
2 465 |
70 |
172,55 |
De Beers |
|
|
The Oaks |
203 |
124 |
180 |
22,32 |
De Beers |
|
|
Baken |
5 835 |
65 |
400 |
26,00 |
Transhex |
|
|
Autres |
|
230 |
280 |
64,40 |
Divers |
|
|
Artisans |
|
300 |
250 |
75,00 |
Artisans |
|
|
Total Af Sud |
|
30 658 |
11 301 |
101 |
1 145 |
|
|
Angola |
Catoca |
3 160 |
2 693 |
65 |
175,05 |
Alrosa/Odebrech/Endiama |
|
Luzamba |
725 |
418 |
210 |
87,90 |
SDM(Odebrecht/Endiama) |
|
|
Autres |
|
760 |
237 |
180,20 |
JV's avec Endiama |
|
|
Artisans |
|
2 000 |
180 |
360,00 |
Artisans |
|
|
Total Angola |
|
3 885 |
5 871 |
137 |
803,15 |
|
|
Australie |
Argyle |
15 100 |
26 000 |
11 |
286,00 |
Rio Tinto |
|
Merlin |
270 |
70 |
110 |
7,70 |
Rio Tinto |
|
|
total Australie |
|
15 370 |
26 070 |
29 |
293,70 |
|
|
Botswana |
Orapa |
15 779 |
13 056 |
50 |
652,80 |
Debswana (De Beers) |
|
Lethlakane |
3 625 |
1 021 |
180 |
183,78 |
Debswana (De Beers) |
|
|
Jwaneng |
8 920 |
12,339 |
110 |
1 357,29 |
Debswana (De Beers) |
|
|
Total Botswana |
|
28 324 |
26 416 |
83 |
2 193,87 |
|
|
Brésil |
PME :Artisans |
|
550 |
40 |
22,00 |
PME ; Artisans |
|
Canada |
Ekati |
3 685 |
3685 |
144 |
560,64 |
BHP |
|
Chine |
PME/Artisans |
|
150 |
100 |
15,00 |
PME/Artisans |
|
Congo (R D) |
Mbuyi-Maji |
|
5 800 |
14 |
81,20 |
Miba |
|
|
PME/Artisans |
|
13 837 |
30 |
415,11 |
PME/Artisans |
|
Total Congo |
|
|
19 637 |
25 |
496,31 |
|
|
Côte d'Ivoire |
Artisans |
|
145 |
120 |
17,40 |
Artisans |
|
Ghana |
PME/Artisans |
|
450 |
25 |
11,25 |
PME/Artisans |
|
Guinée |
PME/Artisans |
|
754 |
170 |
128,18 |
PME/Artisans |
|
Guyana |
PME/Artisans |
|
20 |
80 |
1,60 |
PME/Artisans |
|
Lesotho |
PME/Artisans |
|
20 |
190 |
3,80 |
PME/Artisans |
|
Liberia |
Artisans |
|
155 |
150 |
23,25 |
Artisans |
|
Namibie |
Namdeb |
21 867 |
1 385 |
220 |
304,70 |
Namdeb (De Beers) |
|
Namco |
|
90 |
151 |
13,59 |
Namco |
|
|
Diamond Fields |
|
27 |
150 |
4,05 |
DFI/Transhex |
|
|
Total Namibie |
|
21 867 |
1 502 |
215 |
322,34 |
|
|
Rép. Centrafrique |
PME/Artisans |
|
614 |
150 |
92,1 |
PME/Artisans |
|
Sierra Leone |
Artisans |
|
375 |
180 |
128,18 |
Artisans |
|
Russie |
Udachnaya |
9 000 |
11 500 |
85 |
977,50 |
Alrosa |
|
Jubilee |
9 100 |
5 500 |
65 |
357,50 |
Alrosa |
|
|
Autres |
4 400 |
3 500 |
90 |
315,00 |
Alrosa |
|
|
Total Russie |
|
22 500 |
20 500 |
80 |
1 650,00 |
|
|
Tanzanie |
Williamson |
2 867 |
191 |
145 |
27 695 |
De Beers/Etat Tanzanien |
|
Venézuela |
PME/Artisans |
|
325 |
125 |
40,63 |
PME/Artisans |
|
TOTAL MONDE |
|
|
118 731 |
66 |
7 885 |